Vers des Green plus verts

Par Thomas Gallenne

Une entente «historique»

Malgré leur couleur, les parcours de golf ne sont pas si «verts» que cela. Grande consommatrice de produits chimiques en tout genre, cette activité récréotouristique très présente dans notre région, tente depuis quelques années de réduire son impact sur l’environnement et notamment sur les lacs et cours d’eau. Un pas de plus vient d’être franchi en ce sens.

Le 5 avril dernier, la MRC des Pays-d’en-Haut, huit clubs de golf, les municipalités concernées, et Abrinord, l’agence de bassin versant de la Rivière-du-Nord ont signé une entente de bassin. D’entrée de jeu, le préfet de la MRC, Charles Garnier, a rappelé que les lacs et cours d’eau de la région subissaient une pression grandissante par le développement immobilier et les  activités qui les bordent. «Le nombre de plans d’eau qui présentent des signes de vieillissement ne cesse d’augmenter. Et les épisodes d’algues bleu-vert de 2006-2007 ont fait prendre conscience à l’ensemble des citoyens de l’importance de préserver la pérennité de nos lacs et cours d’eau» de dire le préfet. S’en est suivie en 2007, une modification au schéma d’aménagement, renforçant les dispositions liées à la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables. Ledit règlement prévoyait la renaturalisation de la bande riveraine dans les 5 premiers mètres, en y interdisant toutes les interventions de contrôle de la végétation. «Les golfs présents sur le territoire de la MRC des Pays-d’en-Haut, lesquels sont des acteurs importants dans l’économie et la prospérité de la région, sont interpellés par la protection à long terme des plans d’eau» a ajouté le préfet. 

Une démarche de concertation

La MRC, les municipalités concernées et Abrinord auraient entrepris une démarche de concertation avec les huit golfs de la région afin que ces derniers participent à l’amélioration des bandes riveraines autour des lacs et cours d’eau, tout en respectant la qualité de la pratique du golf. La MRC et les golfs se sont donc rencontrés à plusieurs reprises pour «négocier les plans de renaturalisation afin de concilier protection des eaux et jouabilité des golfs», comme l’a expliqué Charles Garnier. Cette collaboration a représenté selon lui, «un exemple parfait de développement durable où les sphères économie et environnement ont été mises en valeur». Le préfet a ajouté que le projet cadrait parfaitement avec les objectifs du Plan directeur de l’eau (PDE) élaboré par Abrinord. Ce dernier organisme a donc décidé de regrouper les objectifs du projet dans une entente de bassin versant, signée par toutes les parties en présence. 

Joël Badertscher, conseiller en environnement à la MRC, a présenté ensuite les principaux éléments constitutifs d’un plan de renaturalisation des bandes riveraines sur un golf. Il a expliqué notamment, que les largeurs de bandes étaient négociées avec les surintendants des golfs, et pouvaient dans certains cas être inférieures aux 10 mètres règlementaires, selon la configuration du terrain, afin de préserver la «jouabilité» du parcours.

Alexia Couturier, chargée de projet et des communications pour Abrinord a pris le relais en rappelant les éléments clés de l’entente de bassin. «Ces ententes sont des engagements volontaires et n’ont pas de valeur légale, a-t-elle souligné. Toutefois, à nos yeux, elles sont essentielles  pour promouvoir et diffuser les réalisations des acteurs de l’eau».

Cette entente de bassin met en œuvre deux actions, soit la renaturalisation des rives et la mise en place d’un programme de sensibilisation, et va répondre 

à quatre objectifs du 

PDE d’Abrinord, soit la 

mise en place et le main-

tien de bandes riveraines conformes à la règlementation, le développement et la promotion d’outils de communication visant la sensibilisation et les changements de comportement de tous les acteurs, l’adop-

tion d’une approche plus «verte» du secteur récréotouristique et enfin la mise en place de moyens de 

mitigation pour diminuer l’impact des activités récréotouristiques sur l’environnement. «Abrinord est très fier de ce partenariat et de l’effort déployé par la MRC, les municipalités et les golfs. Et on espère que cet exemple de conciliation entre les 2 sphères (économique et environnementale), servira d’exemple pour initier d’autres partenariats entre les MRC et des golfs», de conclure Mme Couturier.

Le volet sensibilisation a été pris en charge par la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) des Laurentides. Marie-Éve Dion, conseillère en développement durable à cet organisme, a présenté les trois objectifs de ce volet: connaître les besoins des golfs en matière de sensibilisation, organiser des formations sur les pratiques responsables pour les golfs. Une formation a été dispensée en 2009 et une prochaine est prévue à l’automne 2011. Et enfin, développer des outils de sensibilisation destinées aux golfeurs.

«En matière de gestion intégrée de l’eau par bassin versant, on peut parler ici d’excellence, et je félicite le leadership de la MRC, des municipalités et des golfs» a affirmé quant à lui, Claude Magnan, président d’Abrinord.

Des golfs plus verts?

«On essaie d’être plus vert et de protéger la nature. C’est dans notre intérêt», de répondre Martin Lavallée, directeur général du club de golf Mont-Gabriel. Mais existe-t-il des indicateurs de suivi du protocole d’entente pour s’assurer que les objectifs seront bien atteints? Abrinord affirme que les indicateurs sont inscrits dans l’entente et correspondent aux objectifs énoncés dans le Plan directeur de l’eau. Toutefois, la MRC a rappelé que les partenaires avaient pour rôle premier d’accompagner et de soutenir les golfs afin qu’ils atteignent leurs 

objectifs. Même si des règlements existent et qu’ils doivent être appliqués équitablement, aussi bien par les citoyens que les golfs, l’esprit même de l’entente est fondée sur la collaboration et la concertation. 

Les golfs signataires de 

l’entente ont-ils banni les produits chimiques (herbicides, fongicides, engrais, etc.)? «Un agronome vient faire trois inspections par année pour vérifier 

l’utilisation des produits chimiques, souligne Martin Lavallée. On a commencé il y a trois ou quatre ans. Les clubs de golfs, publics et privés, ont prévu un plan de réduction sur 5 ans et la plupart l’ont suivi». Quid d’une certification verte? La SADC offre un service d’accompagnement en développement durable. «On fait un plan d’action écoresponsable avec les golfs qui le désirent et 

on remet un certificat de reconnaissance à chaque année», de dire Marie-Ève Dion.

Suivant la signature de cette entente, les partenaires auront un délai de deux ans pour réaliser ce projet. 

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