(Photo : OMH de Saint-Jérôme)

Crise du logement : Une solution boudée par les municipalités

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Il est de plus en plus difficile de trouver un logement abordable dans la région. Pourtant le programme de Supplément au loyer, ou PSL, pourrait aider la situation, mais peu de municipalités y participent. Pourquoi? Les explications de Suzanne St-Michel, présidente du conseil d’administration de l’Office municipal de l’habitation (OMH) des Pays-d’en-Haut.

« Ça existe à Montréal depuis au moins 30 ans, mais les Laurentides n’en profitaient pas. C’est comme ça dans toutes les régions, elles ne sont pas au courant. Ça permet aux gens qui ont moins de revenus de trouver un loyer abordable et habitable », précise Mme St-Vincent.

Si un logement bénéficie du PSL, son locataire paie un loyer qui ne peut pas dépasser 25 % de ses revenus. La différence entre la part payable par le locataire et le loyer convenu avec le propriétaire est couverte par le programme. Ces coûts sont assumés à 90 % par la Société d’habitation du Québec (SHQ) et à 10 % par la municipalité où se trouve le logement.

Certains critères doivent être remplis. « Les propriétaires doivent aller à leur municipalité pour dire qu’ils veulent participer à ce programme-là. Ensuite l’Office municipal de l’habitation (OMH), la municipalité et le propriétaire signent une entente. […] Il y a toujours une première fois, mais après, ça roule. La demande est traitée dans les semaines qui suivent. Ce n’est pas lourd comme processus », détaille Mme St-Michel.

Le propriétaire peut ensuite trouver un locataire qui est admissible au programme. Dans les Laurentides, le revenu plafond (PRBI) est entre 28 500 $ et 47 500 $ selon les municipalités.

Le propriétaire se voit garantir 60 % du loyer en cas de défaut de paiement. « Ça garantit au moins tous les frais fixes, comme les dépenses de base, l’hypothèque, les taxes, etc. C’est très avantageux pour les propriétaires : ils ne perdent pas une cenne. »

Convaincre

Dans les Pays d’en Haut, seulement Sainte-Adèle et Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson ont des logements qui profitent du PSL. « Les autres municipalités ont refusé ou ne sont pas intéressées. Il y a même des municipalités qui ont passé une résolution en exécutif pour dire qu’elles refusaient », déplore Mme St-Michel.

Maintenant que les élections municipales sont passées et que les maires, élus ou réélus, commencent leur nouveau mandat, Mme St-Michel souhaite faire connaître le programme auprès d’eux. « Au mois de janvier, je veux prendre rendez-vous avec les maires et m’asseoir avec eux. Je veux savoir en particulier pourquoi ils disent non au programme. »

Communauté

Selon Mme St-Michel, ce refus est d’abord motivé par des préjugés injustifiés. « Les municipalités se disent que le PSL est sûrement pour des personnes sur l’aide sociale. Mais non, il y a aussi des travailleurs et des familles qui ont peu de revenus. C’est un bon programme qui s’adresse à tout le monde. »

De plus, les coûts sont minimes pour la municipalité, et ceux-ci peuvent même être épongés par d’autres subventions. « À Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, ça ne coûte que 2 000 à 3 000 $ par année à la municipalité. Et les gens qui profitent du programme travaillent ici, achètent ici et encouragent les commerçants. Ils sont proactifs. Il faut voir la valeur ajoutée : ce que ça nous apporte, aux citoyens et à la communauté », insiste Mme St-Michel.

Il y a 50 PSL d’alloués dans la MRC des Pays-d’en-Haut, et 20 sont encore disponibles. « Lorsqu’il en reste moins de 10, on fait tout de suite un appel pour en avoir d’autres », indique Mme St-Michel.

Dans la MRC de La Rivière-du-Nord, 217 logements bénéficient du PSL, dont 211 à Saint-Jérôme et 6 à Prévost. Quelques subventions demeurent disponibles, par manque de propriétaires intéressés. « Effectivement, la hausse rapide des loyers a séduit plusieurs propriétaires qui ont choisi de briser leur entente existante ou qui ont refusé l’obligation de soumettre les hausses de loyer pour une approbation par l’OMH de Saint-Jérôme », nous écrit Daniel Denis, directeur général de l’Office municipal d’habitation (OMH) de Saint-
Jérôme.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *