Jacques Hébert (1936-2006) et Louis Dufour (1941-2022). Photo : Fahri Yavuz.
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De la vallée aux Sommets : Une histoire de ski, de passion et de succès

Par Simon Cordeau

Impossible de faire l’histoire du ski dans la région sans parler des Sommets. Avec six sommets (Saint-Sauveur, Avila, Gabriel, Morin Heights, Olympia et Edelweiss), l’entreprise familiale est devenue une incontournable de l’industrie, ici et ailleurs. L’autrice Danielle Soucy raconte son histoire dans le livre De la vallée aux Sommets : une histoire de passion et d’audace, qui paraîtra en octobre.

« C’est le président des Sommets, M. Louis-Philippe Hébert, qui m’a proposé d’écrire l’histoire des Sommets. Il avait vu mon livre sur l’histoire du ski. L’entreprise allait fêter ses 50 ans. Il ne voulait pas que toute cette histoire-là, orale ou dans les archives, tombe dans l’oubli », raconte Mme Soucy. Et l’autrice ne s’attendait pas à découvrir une histoire aussi riche, sur tous les plans, confie-t-elle. « Il y a celui strictement technique de toutes les innovations, mais il y a toute une richesse sur le plan humain aussi ! J’ai appris à connaître tous ces gens-là : M. Louis Dufour, en premier lieu, ses fils, et la même chose du côté des Hébert. »

Une histoire de famille

Affiche publicitaire d’Up-Hill dans les années 1950.
Source : Archives des Sommets.

« Je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer M. Jacques Hébert, décédé en 2006 », raconte Mme Soucy. Mais elle a lu et discuté beaucoup sur lui avec ses enfants, entre autres. Elle a aussi eu la chance et le plaisir de faire plusieurs entrevues avec Louis Dufour, avant son décès en février 2022. D’ailleurs, l’autrice s’étonne de la force et du succès de cette entreprise bi-familiale : un fait rare.

« Je pense qu’ils ont toujours réussi à miser sur leurs forces respectives, avec un grand respect mutuel. M. Jacques Hébert était le cerveau financier, le gars de chiffres. Il faisait en sorte que l’entreprise prenne des risques, mais calculés. […] Et M. Louis Dufour était la figure publique. Il avait de l’entregent et une grande facilité à entrer en contact avec le public. Et il était le ski en soi : c’est un ancien champion de ski ! Il connaissait le sport et la montagne sur le bout de ses doigts. »

Serge Couture les a également assistés de nombreuses années, avant de quitter l’entreprise pour devenir propriétaire d’une autre montagne, souligne Mme Soucy.

C’est désormais la deuxième génération d’Hébert et de Dufour qui est aux commandes de l’entreprise. « Tout ça me montre à quel point ces gens-là sont des passionnés. C’est un terme souvent galvaudé, mais vraiment, j’avais devant moi des gens qui en mangeait, du ski, croisés avec le milieu des affaires. Ils sont tout le temps là-dedans, l’année durant, et ça occupe toutes leurs préoccupations. »

De l’audace

Pour bâtir une entreprise de l’envergure des Sommets, il fallait de l’audace. Et celle-ci se retrouve dès les débuts de son histoire, explique Mme Soucy. « Au début, M. Hébert était un comptable avec vraiment pas beaucoup d’argent. Il était moniteur de ski la fin de semaine pour avoir un accès gratuit aux pentes. Qu’il ait eu l’idée de rassembler quatre de ses amis skieurs, de leur demander d’investir, qu’ils réussissent de cette façon à entrer dans Up-Hill, et peu à peu qu’ils rachètent les membres de cette entreprise-là, c’était audacieux. »

La Coupe du monde de ski acrobatique propulsera la renommée internationale du Mont Gabriel. Le 14 janvier 2012, deux Québécois se distinguent à l’épreuve des bosses en parallèle : Justine Dufour-Lapointe, deuxième chez les femmes, et Mikaël Kingsbury, premier chez les hommes.
Photo : Fahri Yavuz.

À l’époque, le milieu du ski est encore un « club fermé pour les anglophones », explique l’autrice. Même unir le mont Saint-Sauveur était un défi en soi. « Il y a déjà eu jusqu’à 11 remontées mécaniques, mais exploitées par des propriétaires différents, dans les années 1930 », rappelle Mme Soucy. Imaginez : la société Up-Hill ne possède que les côtes 70 et 71 lorsque Hébert et ses associés s’y joignent en 1970.

L’audace continuera de guider l’entreprise durant toute son évolution. Acquérir d’autres montagnes, dans les Laurentides mais aussi dans l’Outaouais et même aux États-Unis, en est un exemple évident, tout comme faire du développement immobilier et ouvrir un parc aquatique.

Mais pour Mme Soucy, c’est d’inscrire l’entreprise en bourse, en 1988, qui démontre le mieux le caractère intrépide de l’entreprise. « Ça porte vraiment la marque de Jacques Hébert. Cela dit, ça n’a pas porté fruit, l’action n’a jamais pris de valeur. Mais sur le plan marketing, c’était bon ! Chaque année, à l’automne, les journalistes économiques venaient à l’assemblée générale, et M. Hébert pouvait passer ses messages. Ça lui donnait aussi une grande crédibilité sur le plan entrepreneurial. »

L’audace passe aussi par les opérations, dont Louis Dufour était « l’homme clé », souligne l’autrice. De nombreux investissements ont été faits pour étendre l’exploitation de la montagne : dans les remontées mécaniques, pour faire plus de descentes dans une même journée; dans l’éclairage, pour permettre le ski de soirée; et dans l’enneigement artificiel, pour que la saison de ski commence plus tôt, finisse plus tard et soit moins dépendante des aléas de la météo.

Transformer les faiblesses en atouts

Les installations du Shakedown de 2008.
Photo : Fahri Yavuz.

Surtout, les Sommets ont souvent trouvé le moyen de « transformer les faiblesses en atouts », selon Mme Soucy. « Le mont Saint-Sauveur, ce n’est pas une grosse montagne. Elle n’a pas un dénivelé à tout casser. Donc ils se sont dit qu’il serait intéressant de saisir au bond la mode du ski acrobatique. Ces skieurs ne veulent pas une remontée qui prend 20 minutes avant d’arriver en haut. Ils veulent faire leurs bosses et remonter le plus rapidement possible pour recommencer », illustre l’autrice.

De la même façon, ils encouragent la planche à neige, en aménageant un parc qui lui ait dédié au mont Avila, avec une demi-lune, des rails, des tremplins et divers obstacles. Ils soutiennent également les jeunes sportifs, dont plusieurs sont devenus des athlètes de renommée internationale, dont Jean-Luc Brassard, Alexandre Bilodeau, Mikaël Kingsbury et les soeurs Dufour-Lapointe, qui signent tous une préface de l’ouvrage. « Ces grands champions considèrent les Sommets comme leur maison, quand ils reviennent. Et ce sont les meilleurs au monde ! »


Le livre De la vallée aux Sommets sera lancé officiellement le samedi 14 octobre, au Sommet Saint-Sauveur. Par la suite, il sera disponible dans les boutiques des Sommets. Pour tous les détails, consultez le site web et les réseaux sociaux des Sommets.

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