(Photo : Nordy - Sébastien Fleurant)
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Habitation : Des solutions sur la table, mais pas de proposition concrète

Par Simon Cordeau

En février 2022, la MRC des Pays-d’en-Haut formait un comité logement pour trouver des solutions à la crise de l’habitation. Près d’un an plus tard cependant, il n’y a pas encore de proposition concrète sur la table. Et pourtant, Sainte-Adèle souhaite déjà faire cavalier seul, alors que d’autres municipalités ont des inquiétudes face à l’approche de la MRC.

« Le comité s’est rencontré pour la première fois de l’année mercredi matin [25 janvier] », explique Catherine Hamé-Mulcair, mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs et membre du comité logement. « On s’est entendus pour des orientations. Il faut repartir la machine. On comprend que, au niveau de la région, les besoins sont vraiment criants. On est à la recherche de solutions concrètes pour soutenir les municipalités dans leurs efforts. »

Des pistes à explorer

Quelques pistes de solution ont tout de même été discutées. « C’est sûr qu’il n’y a pas une seule solution. Il y a plusieurs solutions. Il faut se battre sur plusieurs fronts », explique Mme Hamé Mulcair.

La révision du schéma d’aménagement de la MRC, par exemple, donnera plus de flexibilité aux municipalités. « Il y a des situations où des entrepreneurs veulent créer du logement, mais ils sont freinés par le schéma d’aménagement et les lois provinciales », explique la mairesse. Cela implique de revoir où et comment les municipalités peuvent se densifier. « Ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain », ajoute-t-elle.

La création d’un fonds foncier est aussi à l’étude. Celui-ci permettrait aux municipalités d’acheter des terrains, qu’elles mettront ensuite à disposition d’organismes communautaires ou de développeurs privés pour réaliser leur projet. Trouver un terrain abordable et qui répond aux critères d’un projet peut prendre des années, comme en témoignent les projets VIV’en Logis à Sainte-Adèle et Grande Ourse à Val-David. Ce fonds serait propre à chaque municipalité, et non centralisé à la MRC, avait laissé entendre le préfet, André Genest.

Mme Hamé Mulcair parle aussi des unités d’habitation accessoires (UHA). Il s’agit d’une habitation secondaire sur le terrain d’une résidence principale. Celle-ci peut prendre la forme d’un garage réaménagé ou d’une maisonnette dans la cour, par exemple. Cela permettrait de faire de la « densification douce », explique la mairesse. La solution serait bien adaptée au tissu urbain de Sainte-Anne-des-Lacs et à son territoire accidenté. Mais l’absence d’aqueduc et d’égout rend cela impossible sans une modification des lois provinciales, précise Mme Hamé Mulcair.

Un changement de paradigme

L’idée des UHA a aussi gagné l’intérêt de Piedmont, indique son maire, Martin Nadon. Cependant, il faudrait les autoriser dans de nouveaux quartiers conçus en conséquence, ajoute-t-il. « Je crois que la vieille formule du bungalow sur un terrain, il faut la revoir. Il faut être plus inventifs, plus imaginatifs. » Par ailleurs, il déplore que les projets présentés à la ville sont « toujours du haut de gamme, de l’habitation de prestige. C’est incroyable! Il faut prévoir autre chose. »

Le maire de Morin-Heights, Tim Watchorn, se réjouit de voir le projet de maison pour personnes âgées enfin lever de terre. Habitat Morin-Heights comptera 30 unités pour aînés à faible revenu, avec services et surveillance. La construction devrait débuter cette année, avec une livraison prévue en 2024.

Pour Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur, il faut d’abord « répertorier et pérenniser » les logements à prix modique, comme Habitat Saint-Sauveur et les Habitations de la Vallée de Saint-Sauveur. Aussi, il met surtout l’emphase sur le transport, afin de faciliter les connexions entre les municipalités de la MRC. Cela permettrait aux personnes d’habiter à Wentworth-Nord ou à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, par exemple, où les prix sont plus abordables, et de se déplacer ailleurs dans la MRC pour travailler ou étudier. « C’est facilement applicable et on peut avoir des résultats », croit M. Gariépy.

Une MRC désunie?

En novembre dernier, la MRC tenait son premier Sommet de l’habitation à Sainte-Anne-des-Lacs. « C’est maintenant qu’il faut agir », avait déclaré Mme Hamé Mulcair en introduction. « On a maintenant un rendez-vous annuel avec la communauté. On veut démontrer notre engagement, nous rendre redevables et être transparents par rapport à notre démarche », explique la mairesse en entrevue.

« Là, ça va être de consulter les municipalités, les maires et les mairesses. On veut comprendre leurs besoins. On comprend qu’il y a des préoccupations. […] Ce que je trouve extraordinaire, c’est que tout le monde est mobilisé », continue-t-elle. Elle reconnaît que les problèmes sont différents d’une municipalité à l’autre, mais elle croit fermement que les solutions sont régionales.

Par ailleurs, Mme Hamé Mulcair dit ne pas comprendre la réticence de Sainte-Adèle à travailler avec la MRC sur ce dossier. « Mme Lalonde a peur avant même qu’on fasse des propositions concrètes. […] Avoir peur, je ne trouve pas ça constructif. Mais nous, on va continuer de travailler avec Sainte-Adèle. »

M. Watchorn, qui est aussi préfet suppléant, abonde dans le même sens. « Dire qu’une municipalité peut faire cavalier seul là-dedans, je ne suis pas d’accord. Il y a lieu de se concerter au niveau de la MRC. On a une force de frappe plus forte aussi. Je trouve ça prématuré comme position, parce qu’il n’y a même pas eu d’orientation en tant que telle par le comité logement. »

Mme Lalonde avait accusé la MRC de vouloir prendre la gouvernance du dossier de l’habitation. Questionnée, Mme Hamé Mulcair répond : « On n’est pas rendus là. Il y a des municipalités qui vont sûrement vouloir que certains aspects soient centralisés. Mais il y a aussi des pouvoirs qui leur appartiennent. »

[Écrit avec des informations d’Ève Ménard et de Marie-Catherine Goudreau.]

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